AU COTÉ DE CABU
DE WOLINSKI ET
DES AUTRES, BERNARD
MARIS, "ONC'BERNARD"
EST MORT DE SON COURAGE
D'une intelligence supérieure et d'une culture stupéfiante, on serait très vite impressionné par Bernard Maris s'il n'avait pas eu le don de mettre tout le monde à l'aise et de faire rire. Car Bernard Maris, c'était quelqu'un que l'on tutoyait tout de suite. Quelqu'un que l'on voulait comme ami.
Simple, gentil, drôle et immensément brillant. Sur le plan intellectuel,Bernard Maris était, à l'instar des grands esprits, inclassable. Economiste de formation et historien de l'économie, journaliste et écrivain. Fin connaisseur de l'économiste Maynard Keynes, tout aussi bien que du psychanalyste Sigmund Freud. Auteur d'un essai littéraire à succès sur le romancier Michel Houellebecq ... Inclassable, donc. Mais toujours libre. Libéré du discours dominant : il aura été un leader dans la construction d'une pensée alternative, dans sa vulgarisation et sa diffusion.
Bernard Maris était avant tout un fin observateur de la société. Il militait pour le « réencastrement » de l'économie dans le réel, dans le social. Il a participé à la réhabilitation de notions telles que le don et la gratuité ainsi qu'au développement du tiers secteur.
Grand lecteur de René Girard, Bernard Maris a toujours condamné la violence. Violence de la guerre (il est l'auteur d'un ouvrage sur le premier conflit mondial « L'homme dans la guerre ») mais surtout violence de l'économie. Contre la violence prédatrice de l'évolution du capitalisme moderne que ce soit envers la nature ou envers l'homme lui-même. Militant, il en appelait à la création d'une économie « positive », plus humaine, plus citoyenne, plus écologique. Il s'élevait contre la violence de l'économie mais aussi contre son hégémonie. Il est l'auteur d'un « Antimanuel » d'économie, mais aussi de pamphlets contre la domination du discours néolibéral. Autant d'ouvrages rédigés avec talent et humour, lui qui aimait répéter que « l'économie est de l'idéologie mise en équation ».
Economiste « hétérodoxe » dans le sens où il ne faisait pas de la croissance l'alpha et l'oméga du progrès économique. Il avait parfaitement intégré les limites de la biosphère, notre finitude. Economiste hétérodoxe mais respecté. Son talent et ses compétences étaient reconnus de tous. Proche de Michel Rocard, membre du conseil général de la Banque de France, il avait été promu Chevalier de l'Ordre National de la Légion d'Honneur cet été.
Aux cotés de Cabu de Wolinski et des autres, Bernard Maris, « Onc'Bernard » est mort de son courage. Il était, avec Charlie Hebdo, journal dont il était un actionnaire, un symbole de la liberté d'expression. A ce titre, il restera une source d'inspiration pour les écologistes, pour tous les pacifistes non-conformistes, et pour toutes les pensées créatrices et capacités de se révolter. La Fondation Nicolas Hulot et son conseil scientifique, dont il était membre, ont perdu un homme libre, dont l'apport à la pensée et à l'action est inestimable.
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