samedi 16 janvier 2016

Eloge des vieilles forêts

Le Parc National des Pyrénées abrite des vieilles forêts qui n'ont jamais été exploitées.

Il en fait l'éloge dans un petit film à voir ci-dessous.
Les vieilles forêts, ces espaces où la nature s’exprime sans l’intervention de l’homme, où se maintiennent une faune et une flore unique. Elles suscitent curiosité et émerveillement devant les ambiances si particulières qu’elles dégagent.
Plusieurs indicateurs permettent de caractériser une vieille forêt : elle n’a jamais été ni défrichée ni exploitée et elle est à un stade de maturité avancée avec la présence de très gros arbres (leur diamètre dépassant le mètre) et d'importants volumes de bois mort (sur pied ou au sol). Ils permettent une formidable richesse de microhabitats indispensables à certaines espèces bio indicatrices de ces milieux telles les cryptogames (mousses, lichens) et les coléoptères saproxyliques.
Très rares en France, les vieilles forêts occupent 7 000 hectares des Pyrénées sur le territoire de Midi-Pyrénées (soit 2 % de la surface boisée du territoire étudié) dont près de 10% sur la vallée de Cauterets.




mardi 17 novembre 2015

Il y a des actes barbares, il n’y a pas de Barbares

Suite aux drames et aux actes de violences qui se sont abattus sur Paris vendredi soir dernier et qui ont secoué toute la France, la relecture d'une tribune du philosophe Patrick Viveret me paraît essentielle. Afin de trouver un peu de lumière, d'envisager un chemin qui soit celui d'une véritable révolution des consciences permettant de lutter à la source, de remonter aux causes qui peuvent alimenter les actes terribles de terroristes et d'y remédier dans une perspective de long terme. Dès aujourd'hui il faut entamer un mouvement mondial de solidarité et de fraternité et une marche intérieure vers plus d'amour et de compréhension de soi et des autres.


« Si la logique de la guerre de civilisations s’imposait aujourd’hui en Europe, cela nous mènerait à des régressions sources de guerre civile »
Ce texte a déjà été publié sur Reporterre le 20 mars dernier. Au lendemain des terribles attentats qui se sont déroulés à Paris le 13 novembre au soir, et qui ont provoqué la mort d’au moins 128 personnes, nous le republions, dans l’émotion, et dans la réflexion.

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A menace globale il faut une riposte globale, déclare un responsable tunisien après les attentats de Tunis venant après ceux de Paris, de Copenhague, de Tunis... Certes, mais encore faut-il ne pas se tromper de menace si l’on ne veut pas que la riposte soit inadaptée ou pire contre-productive. Car si à l’évidence, nous sommes en présence d’un conflit mondial qui peut toucher n’importe quel pays à n’importe quel moment, qui concerne tout autant l’échelle planétaire que l’échelle locale de nos cités, il y a deux approches radicalement différentes de l’analyse et de la stratégie à mettre en œuvre.
La première est celle de la guerre de civilisation théorisée il y a quelques années par le penseur conservateur américain Samuel Huntington. C’est celle qui a conduit le gouvernement Bush à réagir par la guerre, le mensonge, la torture, et la restriction massive des droits à travers le Patriot Act.

Cette logique, si elle s’imposait aujourd’hui en Europe, nous mènerait droit vers des régressions comparables ou même pires et pourrait devenir source de guerre civile, ce qui signerait d’ailleurs la victoire de la logique terroriste dont c’est l’objectif à terme.
L’autre voie c’est au contraire celle qu’avait indiquée le premier ministre norvégien après l’attentat meurtrier d’un fanatique d’extrême droite dans l’ile d’Utoya en juillet 2011 : "J’ai un message pour celui qui nous a attaqués et pour ceux qui sont derrière tout ça : vous ne détruirez pas la démocratie et notre travail pour rendre le monde meilleur (...) Nous allons répondre à la terreur par plus de démocratie, d’ouverture et de tolérance." Cette seconde voie est celle de la logique de vie, du dialogue de civilisation, du refus de confondre violence et conflit. C’est celle de la Liberté face aux régressions sécuritaires, de l’égalité face à l’explosion des inégalités et bien sûr de la fraternité, cette grande oubliée de la République, face aux fanatismes et aux racismes de toute nature.
Tel est l’enjeu de ce conflit mondial qui n’est pas pour autant une guerre mondiale car son objet est précisément, dans un travail sur la paix, de substituer la logique du conflit entre adversaires à celle de la violence entre ennemis.

Il y a des actes barbares, il n’y a pas de Barbares

Simple nuance de vocabulaire dira-t-on ? Pas le moins du monde. La logique de la violence entre ennemis est celle de l’éradication. L’Autre, est identifié substantiellement comme extérieur au genre humain. Il est le Mal incarné, le Barbare, le Terroriste. Le détruire, l’éradiquer, c’est alors une opération de purification, purification ethnique comme le disaient les milices serbes contre les bosniaques, de « nettoyage » comme le disait l’armée française pendant la guerre d’Algérie.
Remarquons que cette posture est parfaitement symétrique, interchangeable. Aux yeux de Ben Laden hier, de Daesh aujourd’hui, c’est l’Occident qui fait figure d’axe du mal. Cette absolutisation autorise à utiliser tous les moyens, en particulier celui de l’élimination physique.
La logique du conflit est toute autre. Il y a des actes barbares, il n’y a pas de Barbares. La barbarie est un dérapage dans l’inhumanité qui menace tout individu, tout groupe humain. C’est une aliénation, une altération d’humanité qui n’est pas réservée à certains. L’Europe a payé le prix lourd pour comprendre que la barbarie pouvait naître au cœur de grandes civilisations. La patrie de Kant et de Beethoven pouvait aussi enfanter le nazisme. La patrie de Dante pouvait enfanter le fascisme, celle des droits de l’homme le colonialisme, celle de Cervantès le franquisme, celle de l’habeas corpus l’impérialisme, celle de la libération du tsarisme, la terreur stalinienne, celle de la statue de la liberté organiser un système international de torture.. La liste est infinie.
Le fait d’avoir été victime ne constitue en rien une garantie de ne pas devenir soi même bourreau. L’holocauste dont ont été victimes les juifs ne justifie pas la politique d’apartheid du gouvernement israélien. Et le drame que vivent les palestiniens ne justifie pas plus les actes meurtriers qui sont commis régulièrement contre des juifs.

La barbarie est intérieure, pas extérieure

Dès lors que l’on a compris cela, on comprend que la barbarie n’est pas du côté de la diabolisation de l’altérité mais de l’absolutisation de l’identité. Nous retrouvons alors ce que ne cessent de nous dire depuis des millénaires les traditions de sagesse : la barbarie est intérieure et non extérieure. Elle n’est pas étrangère à l’humanité, elle en constitue la face sombre, celle de sa propre inhumanité. S’il y a un djihad, une guerre sainte, c’est en réalité un conflit intérieur, un travail sur soi individuel et collectif contre cette barbarie intérieure.
Et c’est là que nous saisissons l’enjeu de la fraternité. Car le frater, étymologiquement c’est le genre humain. Et l’esprit de fraternité dont parle la Déclaration universelle des droits humains nous pouvons le définir comme le travail sur lui-même que doit faire « le peuple de la terre », notre fragile famille humaine pour apprendre à s’humaniser, pour apprendre à mieux s’aimer. Faute de ce mouvement vers une qualité supérieure d’humanité et de fraternité nous risquons comme le notait Martin Luther King dans une phrase célèbre de « périr comme des idiots » !
Il y a en effet un lien étroit entre la brutalité et la bêtise comme le signale la fameuse expression :« bête et méchant ». Et il y a au contraire un lien étroit entre l’intelligence et l’esprit de fraternité n’en déplaise aux cyniques qui hurlent aux « bisounours » dès que l’on évoque ce lien. Car l’intelligence se nourrit de l’interdépendance, du lien, donc de l’écoute de la différence et de la divergence dès lors que celle-ci ne dérape pas en violence.
Oui, il est temps de revisiter les valeurs-forces de vie qu’exprime la tension dynamique entre liberté, égalité et fraternité à condition de redonner toute sa force à la dernière, de cesser d’en faire non la cerise sur le gâteau mais la cerise dans le gâteau, non un simple supplément d’âme mais l’anima, le souffle même qui permettrait de revisiter les deux autres valeurs clefs et même les trois autres si l’on y ajoute la Laïcité.

Sourcehttp://www.reporterre.net/Il-y-a-des-actes-barbares-il-n-y-a-pas-de-Barbares


mercredi 4 novembre 2015

Blade Runner sur grand écran



J'ai eu la chance au dernier festival des Utopiales de Nantes de voir sur grand écran une copie neuve de Blade Runner. Ce fût un moment exceptionnel que de redécouvrir ainsi ce film noir futuriste, véritable poème Sf mélancolique et décadent tout à fait fascinant qui interroge notre humanité... c'était presque comme le voir pour la 1ère fois. La photographie de ce film est superbe, la composition de l'image, l'ambiance générale, les effets spéciaux sont remarquables encore aujourd'hui... un chef d'oeuvre, une oeuvre d'art !

mardi 13 octobre 2015

Femme-Oiseau de Tim Hildebrandt


Illustration Fantasy-Sf de Tim Hildebrandt
Je n'arrive pas à savoir si c'est pour une couverture de roman ou une pochette de vinyle ou autre
Si quelqu'un en sait plus je suis preneur d'infos !

samedi 5 septembre 2015

Equinox de Jean Michel Jarre

Chef d'oeuvre de Jean Michel Jarre 
Certains passages relèvent tout simplement du génie musical, nous transportant dans un autre monde... Pour amateurs de Sf et de voyages extraordinaires !


Quelques peintures pouvant accompagner l'écoute de l'album 

Eruption of primary season de Josipscoor


Peinture de Beksinski

Highlanders awakening de Josipcsoor

jeudi 27 août 2015

samedi 22 août 2015

Cabanes de pêcheurs et boue bleue de Moutiers en Retz

Belle découverte ce petit village de Moutiers en Retz et ses cabanes de pêcheurs.
A marée basse la boue bleue fait son apparition et associée au coucher de soleil, on avait l'impression d'être dans un village de cabanes du bout du monde. Un endroit apaisé, contemplatif, à l'écoute du mystère du lointain, de la musique de l'univers








mardi 7 juillet 2015

Boeuf musqué


"Contemporain du mammouth, le boeuf musqué vit dans le Grand Nord depuis des milliers d’années, au Groenland, au Canada ou en Scandinavie." - Photographie de Vincent Munier

Grues du Japon - Photographie de Vincent Munier



"Au début du XXe siècle, les grues étaient en voie de disparition. On les chassait pour leurs vertus prétendument aphrodisiaques. Grâce à l’action du Pr Masatomi, un scientifique japonais, l’espèce a pu être provisoirement sauvée. Aujourd’hui, on en dénombre un millier sur l’île de Hokkaido." Vincent Munier

lundi 22 juin 2015

samedi 20 juin 2015

Comment lâcher du lest ? par Bertrand Piccard

Pour augmenter notre liberté dans les vents de la vie, nous devons être capables de sortir des situations qui nous emprisonnent. Comme un pilote de ballon qui changerait d’altitude en vue de trouver une meilleure trajectoire. Pour y parvenir, nous devons lâcher du lest, nous débarrasser des croyances et autres certitudes qui nous alourdissent. Très concrètement, cela signifie d’envisager de nous comporter à l’inverse de ce que nous avons toujours fait, de devenir les pionniers de nos vies, pour remettre sans cesse en question notre façon de penser et de réagir.


Changer ce qui peut l’être 

Malgré les apparences, la vie est loin d’être binaire et ne se résume pas à ce que l’on peut ou non contrôler, ni aux situations que l’on doit accepter ou refuser. Si c’était le cas, nous aurions bien peu de perspectives d’évolution. L’existence en deux dimensions nous laisse certes la possibilité de choix, mais nous sommes en réalité beaucoup plus libres que cela dans les vents de la vie. Pourquoi ? Parce qu’il existe heureusement une troisième dimension.

Le vol en ballon nous montre comment en profiter. Il est évident que le pilote ne peut pas modifier la force ni la direction du vent et qu’il se trouve en ce sens prisonnier des éléments. Mais il peut changer et contrôler très précisément un autre paramètre, je veux parler de son altitude. C’est de cette manière qu’il parvient à se diriger. L’atmosphère est constituée de couches météorologiques distinctes dans lesquelles les vents ont une vitesse et surtout une direction différentes à chaque altitude. Cela signifie que le pilote, dès que sa trajectoire ne lui convient plus, modifie son niveau de vol pour trouver des courants qui le feront tourner à gauche ou à droite. C’est dans les faits sa seule liberté, son unique responsabilité : changer d’altitude pour changer de direction.

Voilà ce que nous devrions appliquer dans les vents de la vie lorsque la situation n’est exploitable ni en l’acceptant, ni en la refusant. Plutôt que de nous battre horizontalement pour aller à gauche ou à droite, nous devons changer d’altitude pour prendre un autre vent qui nous emmènera dans une autre direction.

En ce sens, la vie est un grand vol en ballon. Nous sommes bien souvent prisonniers des éléments qui nous emmènent sur des chemins qui ne nous plaisent pas. Nous pouvons certes nous lamenter et tenter de résister, mais ce ne sera que pour souffrir davantage. Notre responsabilité, notre libre arbitre consiste essentiellement, comme pour l’aéronaute, à changer de niveau.


Nous devons trouver le moyen d’améliorer notre altitude dans tous les domaines de l’existence : éducation, apprentissage, profession, relation aux autres et à nous-mêmes ; changer de niveau socialement, psychologiquement, philosophiquement et bien sûr spirituellement, afin de capter des idées neuves, nous ouvrir à d’autres influences, d’autres solutions, réponses et stratégies, d’autres visions du monde, qui modifieront notre direction et nous aideront à modifier le cours de notre existence.
Nous ne changerons jamais la direction des courants aériens ni celle des vents de la vie, mais nous pouvons à chaque instant changer d’altitude pour nous en libérer et trouver une meilleure trajectoire. Changer de niveau de compréhension afin de dépasser nos peurs, afin de découvrir d’autres façons de penser et de se comporter, d’autres explications, d’autres manières de percevoir la cause et même le sens de ce qui nous arrive. Comprendre ce que nous avons à faire de notre passage sur Terre.

Quand on pense à toute l’énergie gaspillée à convaincre les autres qu’ils ont tort, plutôt que d’essayer d’utiliser leurs idées pour enrichir notre propre expérience ! Le changement d’altitude vers le haut, c’est toute l’ouverture à d’autres stratégies, à d’autres manières de faire, c’est cette possibilité de remettre en question nos certitudes, de nous affranchir de notre peur de l’inconnu, pour nous ouvrir au monde qui nous entoure.

Il y a tellement de situations où une transformation de notre point de vue permettrait cette compréhension de nous-mêmes, des autres et de la vie, porteuse de liberté intérieure.

Lâcher du lest 

Se contenter de dire qu’il faut changer d’altitude dans les vents de la vie pour acquérir une autre vision du monde resterait une simple métaphore poétique si nous n’en faisions pas quelque chose de tangible. C’est d’outils concrets dont nous avons besoin. Pour cela, il nous faut comprendre comment fonctionne un ballon.

Un aérostat est en équilibre lorsque la portance de son enveloppe de gaz (plus léger que l’air ambiant) compense son poids. Toute augmentation de poids le fera descendre et tout allègement, monter.

Dès le décollage, pour prendre de l’altitude, le pilote devra lâcher du lest.

Extrait du livre de Bertrand PICCARD : « Changer d’altitude », 
pages 81 à 83 (Editions HACHETTE, préface de Matthieu RICARD).


jeudi 18 juin 2015

Neutron Star illustrée par Peter Andrew Jones


Neutron Star (l'étoile invisible en français) a été publiée pour la première fois en 1966 dans le magazine de science-fiction américain If.
L’histoire est connue pour avoir été la première à présenter une étoile à neutrons. La nouvelle a reçu le Prix Hugo de la meilleure nouvelle courte en 1976.

samedi 31 janvier 2015

La science à la rencontre du bonheur

Reportage passionnant de la RTS dans lequel on apprendra entre autre que trop de choix nous gâche le plaisir, que nous ne sommes pas très bons lorsqu'il s'agit d'imaginer ce qui va nous rendre heureux, que l'argent ne fait pas nécessairement le bonheur - et c'est un millionnaire qui le dit :), qu'il existe un gêne qui déterminerait notre propension à être plutôt optimiste ou pessimiste, mais heureusement il n'y a pas de fatalité : la méditation et la psychologie positive permettant d'y remédier ; que nous prenons plus de plaisir à offrir qu'à recevoir, etc. A voir !

samedi 24 janvier 2015

Les fresques animistes de Maki Ohkojima

La nature et ses esprits sont à l'honneur avec l'artiste Maki Ohkojima. Ses peintures murales très colorées, fourmillant de détails, enchantent les petits comme les grands, et nous invitent à voyager dans un monde fantastique et merveilleux.



In the Forest


In the Forest mural by Maki OhkojimaIn the Forest mural by Maki OhkojimaIn the Forest mural by Maki OhkojimaIn the Forest mural by Maki Ohkojima

Wild Light

Wild Light mural by Maki OhkojimaWild Light mural by Maki Ohkojima

Star Song

Star Song mural by Maki OhkojimaStar Song mural by Maki OhkojimaStar Song mural by Maki Ohkojima

Trailblazer

Trailblazer mural by Maki Ohkojima

Let’s Talk About the Story of Big Sky

Let's Talk About the Story of Big Sky mural by Maki OhkojimaLet's Talk About the Story of Big Sky mural by Maki OhkojimaLet's Talk About the Story of Big Sky mural by Maki Ohkojima

Mountain Child

Mountain Child mural by Maki OhkojimaMountain Child mural by Maki OhkojimaMountain Child mural by Maki Ohkojima

lundi 19 janvier 2015

La parabole des oiseaux noirs et des oiseaux blancs



«Non seulement, Tierno Bokar s'abstenait de juger autrui, mais encore il essayait de nous faire comprendre qu'une bonne pensée est toujours préférable à une mauvaise, même lorsqu'il s'agit de ceux que nous considérons comme nos ennemis. Il n'était pas toujours facile de nous convaincre, comme le montre l'anecdote suivante où il fut amené à nous parler des oiseaux blancs et des oiseaux noirs.

«Ce jour-là, Tierno avait commenté ce verset : "Celui qui a fait le poids d'un atome de bien le verra ; celui qui a fait le poids d'un atome de mal, le verra" (Coran XC, 7 et 8).»

Comme nous le questionnions sur les bonnes actions, il nous dit :

- La bonne action la plus profitable est celle qui consiste à prier pour ses ennemis.

- Comment ! m'étonnai-je. Généralement, les gens ont tendance à maudire leurs ennemis plutôt qu'à les bénir. Est-ce que cela ne nous ferait pas paraître un peu stupide que de prier pour nos ennemis ?

- Peut-être, répondit Tierno, mais seulement aux yeux de ceux qui n'ont pas compris. Les hommes ont, certes, le droit de maudire leurs ennemis, mais ils se font beaucoup plus de tort à eux-mêmes en les maudissant qu'en les bénissant.

- Je ne comprends pas, repris-je. Si un homme maudit son ennemi et si sa malédiction porte, elle peut détruire son ennemi. Cela ne devrait-il pas plutôt le mettre à l'aise ?

- En apparence, peut-être, répondit Tierno, mais ce n'est alors qu'une satisfaction de l'âme égoïste, donc une satisfaction d'un niveau inférieur, matériel.

Du point de vue occulte, c'est le fait de bénir son ennemi qui est le plus profitable. Même si l'on passe pour un imbécile aux yeux des ignorants, on montre par là, en réalité, sa maturité spirituelle et le degré de sa sagesse.»

- Pourquoi ? lui demandai-je. C'est alors que Tierno, pour m'aider à comprendre, parla des oiseaux blancs et des oiseaux noirs.

- Les hommes, dit-il, sont les uns par rapport aux autres, comparables à des murs situés face à face.

Chaque mur est percé d'une multitude de petits trous où nichent des oiseaux blancs et des oiseaux noirs. Les oiseaux noirs, ce sont les mauvaises pensées et les mauvaises paroles.

Les oiseaux blancs, ce sont les bonnes pensées et les bonnes paroles. Les oiseaux blancs, en raison de leur forme, ne peuvent entrer que dans des trous d'oiseaux blancs et il en va de même pour les oiseaux noirs qui ne peuvent nicher que dans des trous d'oiseaux noirs.

Youssouf et Ali
« Maintenant, imaginons deux hommes qui se croient ennemis l'un de l'autre. Appelons-les Youssouf et Ali.

Un jour, Youssouf, persuadé que Ali lui veut du mal, se sent empli de colère à son égard et lui envoie une très mauvaise pensée.

Ce faisant, il lâche un oiseau noir et, du même coup, libère un trou correspondant. Son oiseau noir s'envole vers Ali et cherche, pour y nicher, un trou vide adapté à sa forme.

Si, de son côté, Ali n'a pas envoyé d'oiseau noir vers Youssouf, c'est-à-dire s'il n'a émis aucune mauvaise pensée, aucun de ses trous noirs ne sera vide.

Ne trouvant pas où se loger, l'oiseau noir de Youssouf sera obligé de revenir vers son nid d'origine, ramenant avec lui le mal dont il était chargé, mal qui finira par ronger et détruire Youssouf lui-même.

Mais imaginons qu'Ali a, lui aussi, émis une mauvaise pensée. Ce faisant, il a libéré un trou où l'oiseau noir de Youssouf pourra entrer afin d'y déposer une partie de son mal et y accomplir sa mission de destruction.

Pendant ce temps, l'oiseau noir d'Ali volera vers Youssouf et viendra loger dans le trou libéré par l'oiseau noir de ce dernier. Ainsi les deux oiseaux noirs auront atteint leur but et travailleront à détruire l'homme auquel ils étaient destinés.

Mais une fois leur tâche accomplie, ils reviendront chacun à son nid d'origine car, est-il dit :Toute chose retourne à sa source

«Le mal dont ils étaient chargés n'étant pas épuisé, ce mal se retournera contre leurs auteurs et achèvera de les détruire.

L'auteur d'une mauvaise pensée, d'un mauvais souhait, d'une malédiction est donc atteint à la fois par l'oiseau noir de son ennemi et par son propre oiseau noir lorsque celui-ci revient vers lui.

La même chose se produit avec les oiseaux blancs. Si nous n'émettons que de bonnes pensées envers notre ennemi alors que celui-ci ne nous adresse que de mauvaises pensées, ses oiseaux noirs ne trouveront pas de place où loger chez nous et retourneront à leur expéditeur.

Quant aux oiseaux blancs porteurs de bonnes pensées que nous lui aurons envoyés, s'ils ne trouvent aucune place libre chez notre ennemi, ils nous reviendront chargés de toute l'énergie bénéfique dont ils étaient porteurs.

Ainsi, si nous n'émettons que de bonnes pensées, aucun mal, aucune malédiction ne pourront jamais nous atteindre dans notre être.

C'est pourquoi il faut toujours bénir et ses amis et ses ennemis. Non seulement la bénédiction va vers son objectif pour y accomplir sa mission d'apaisement, mais encore elle revient vers nous, un jour ou l'autre, avec tout le bien dont elle était chargée.»

C'est ce que les soufis appellent l'égoïsme souhaitable. C'est l'Amour de Soi valable, lié au respect de soi-même et de son prochain parce que tout homme, bon ou mauvais, est le dépositaire d'une parcelle de la Lumière divine. C'est pourquoi les soufis, conformément à l'enseignement du Prophète, ne veulent souiller ni leur bouche, ni leur être par de mauvaises paroles ou de mauvaises pensées, même par des critiques apparemment bénignes. »
Tiré de vie et enseignements de Tierno Bokar, par Hamadou Hampaté Bâ

Mise en image poétique de la parabole

Oiseaux blancs et oiseaux noirs par achblog


Photo de présentation provenant du documentaire "le sage de Bandiagara" sur la vie de Tierno Bokar

mercredi 14 janvier 2015

La Nébuleuse de la Carène

Magnifique nébuleuse de la Carène, qui est une grande nébuleuse brillante englobant plusieurs amas ouverts d'étoiles. Elle se situe à une distance estimée entre 6 500 et 10 000 années-lumière de la Terre. 

Cette photo est une image colorisée de la nébuleuse de la Carène résultant de l'assemblage de 47 clichés pris grâce au Télescope spatial Hubble. Le rouge correspond au soufre, le vert à l'hydrogène, et le bleu à l'émission d'oxygène.

Le résultat est impressionnant !



Credit for Hubble Image: NASAESA, N. Smith (University of California, Berkeley), and The Hubble Heritage Team (STScI/AURA)


http://hubblesite.org

Hommage à un homme libre

AU COTÉ DE CABU 
DE WOLINSKI ET 
DES AUTRES, BERNARD 
MARIS, "ONC'BERNARD" 
EST MORT DE SON COURAGE

D'une intelligence supérieure et d'une culture stupéfiante, on serait très vite impressionné par Bernard Maris s'il n'avait pas eu le don de mettre tout le monde à l'aise et de faire rire. Car Bernard Maris, c'était quelqu'un que l'on tutoyait tout de suite. Quelqu'un que l'on voulait comme ami.
Bernard Maris
Simple, gentil, drôle et immensément brillant. Sur le plan intellectuel,Bernard Maris était, à l'instar des grands esprits, inclassable. Economiste de formation et historien de l'économie, journaliste et écrivain. Fin connaisseur de l'économiste Maynard Keynes, tout aussi bien que du psychanalyste Sigmund Freud. Auteur d'un essai littéraire à succès sur le romancier Michel Houellebecq ... Inclassable, donc. Mais toujours libre. Libéré du discours dominant : il aura été un leader dans la construction d'une pensée alternative, dans sa vulgarisation et sa diffusion.

Bernard Maris était avant tout un fin observateur de la société. Il militait pour le « réencastrement » de l'économie dans le réel, dans le social. Il a participé à la réhabilitation de notions telles que le don et la gratuité ainsi qu'au développement du tiers secteur.

Grand lecteur de René Girard, Bernard Maris a toujours condamné la violence. Violence de la guerre (il est l'auteur d'un ouvrage sur le premier conflit mondial « L'homme dans la guerre ») mais surtout violence de l'économie. Contre la violence prédatrice de l'évolution du capitalisme moderne que ce soit envers la nature ou envers l'homme lui-même. Militant, il en appelait à la création d'une économie « positive », plus humaine, plus citoyenne, plus écologique. Il s'élevait contre la violence de l'économie mais aussi contre son hégémonie. Il est l'auteur d'un « Antimanuel » d'économie, mais aussi de pamphlets contre la domination du discours néolibéral. Autant d'ouvrages rédigés avec talent et humour, lui qui aimait répéter que « l'économie est de l'idéologie mise en équation ».

Economiste « hétérodoxe » dans le sens où il ne faisait pas de la croissance l'alpha et l'oméga du progrès économique. Il avait parfaitement intégré les limites de la biosphère, notre finitude. Economiste hétérodoxe mais respecté. Son talent et ses compétences étaient reconnus de tous. Proche de Michel Rocard, membre du conseil général de la Banque de France, il avait été promu Chevalier de l'Ordre National de la Légion d'Honneur cet été.

Aux cotés de Cabu de Wolinski et des autres, Bernard Maris, « Onc'Bernard » est mort de son courage. Il était, avec Charlie Hebdo, journal dont il était un actionnaire, un symbole de la liberté d'expression. A ce titre, il restera une source d'inspiration pour les écologistes, pour tous les pacifistes non-conformistes, et pour toutes les pensées créatrices et capacités de se révolter. La Fondation Nicolas Hulot et son conseil scientifique, dont il était membre, ont perdu un homme libre, dont l'apport à la pensée et à l'action est inestimable.

lundi 12 janvier 2015

Dieu se niche dans la poitrine d'un rouge-gorge


"Dieu est le plus fin du fin du fin de la vie. Tellement transparent qu’il est indéchirable. Le dernier fil ne lâche pas. Tout le reste va lâcher. Nos solidités, nos savoirs, nos volontés ne tiennent pas la route. Tôt ou tard, elles cassent - d’autant plus facilement qu’elles sont crispées sur elles-mêmes. Mais un duvet de moineau ou l’aigrette du pissenlit, ça ne se brise pas. C’est tellement léger que ça ne peut pas connaître cette mésaventure. Moi, le Dieu dont je parle parfois, sans doute trop d’ailleurs, il ne tient pas dans le coffre-fort d’une église ou d’un dogme. Il tient dans la poitrine d’un rouge-gorge. Plutôt étonné, comme le sont les rouges-gorges, de nous trouver sur sa route." Christian Bobin

Photo de P. Massaux

samedi 10 janvier 2015

Je suis Charlie, Yo soy Charlie, Jsem Charlie Hebdo...



A voir la Grande Librairie consacrée à Charlie Hebdo avec Daniel Pennac, Gérard Mordillat, Tahar Ben Jelloun, Virginie Despentes, Uderzo et Enki Bilal : http://culturebox.francetvinfo.fr/emissions/france-5/la-grande-librairie

Emission passionnante, intelligente qui offre un hommage bienveillant, amical et pudique à Charlie Hebdo.

Pour contrer et limiter le champ d'influence de toute sorte de fanatisme, la meilleure arme est l'éducation, la Culture, les livres, la lecture, et surtout transmettre aux enfants, ou réapprendre avec eux, à s'émerveiller...

mardi 6 janvier 2015

La vérité inexprimable des souffles avec Christian Bobin


 Malheur à vous qui avez fait du Christ un fils de bonne famille. Les saints et les joueurs de jazz ne sont pas des gens convenables, c’est pourquoi les connaître donne tant de joie. La main en suspens au-dessus du clavier, Thelonious Monk appelle en silence. « Il y a quelqu’un ? » est la question posée. On entend la même question dans les psaumes. Chaque note est jouée dans l’espérance d’entendre la réponse. Les musiciens de jazz ne vieillissent jamais. Avec le temps, ils deviennent des montagnes sacrées aux vapeurs de tabac anglais, chefs-d’œuvre de joie-sagesse. Monk a fini ses jours dans un appartement new-yorkais, au milieu d’une centaine de chats regardant les étoiles tituber sur les eaux noires de l’Hudson, toute l’Égypte dans leurs yeux. Une baronne l’avait adopté avec son épouse. Isabelle Rimbaud, Dora Diamant, Nadejda Mandelstam : les femmes qui prennent soin des poètes, on devrait comme je le fais ici recopier leur nom, faire en sorte que la mousse du temps ne le recouvre jamais.

Dans les dernières années, Thelonious Monk ne touchait plus aucun piano, ne parlait plus. Ce n’était pas la folie. La folie est un bêlement d’agneau égaré. C’était la paix immense que savent les nouveau-nés. Il avait rejoint ce royaume jadis entrevu entre deux notes. Vivre répond à tout. Oui, sans aucun doute, « il y a quelqu’un ». J’ai vu une pauvresse dans une galerie marchande compter ses sous. De sa main droite, elle prélevait une à une les petites pièces en cuivre dans sa main gauche comme on cueille des mûres, en prenant soin de ne pas les écraser. Une lumière sortait de ses mains. Son attention valait celle d’une sainte. Son courage m’éblouissait. Il faut du courage pour tout, même pour ramasser un crayon tombé à terre. Nous sommes des brouillons de poème, les tentatives que fait Dieu pour prendre l’air. La paix intérieure est la seule terre sainte.

J’écoute un hibou dans l’opéra glacé de la nuit. Je ne crois pas à ce qu’on me dit. Je crois à la manière dont on me le dit. Je crois à la vérité inexprimable des souffles. Je crois au Dieu qui fait briller le poil des chats et les yeux des vieux pianistes de jazz. Elle est si brève, la vie interminable. Je donne mon cœur aux vagabonds qui dorment dans les fossés des livres. La vie est un conte de fées avec ses forêts, ses ogres et sa chance ultime. Je ne crois à rien de raisonnable. Les saints surgissent de leurs écrits le visage barbouillé du miel des lumières, comme des ours de l’absolu. Ce qui peut être expliqué ne mérite pas d’être compris. Je crois que nous passons le meilleur de notre vie à construire des fenêtres pour encadrer le vide et que c’est la plus belle partie du conte de fées.

Christian Bobin

Ecrivain et poète, Christian Bobin a récemment publié L’Homme-joie (L’Iconoclaste) et La Grande vie (Gallimard, 2014).