dimanche 1 décembre 2013

La dimension initiatique des 4 semaines de l'Avent

L’arrivée d’Internet dans nos vies quotidiennes habitue nos enfants à la satisfaction instantanée de toutes leurs envies. Au point que le moindre délai devient intolérable.
Dans ce climat d’hyperconsommation et d’immédiateté, l’un des grands défis éducatifs est bien d’apprendre à nos chers petits à gérer le sentiment de frustration. Désirer, attendre, savoir différer le plaisir en acceptant la notion d’étape, voilà un atout majeur pour qu’ils soient heureux dans la vie. Avoir grandi dans une famille où l’on a cultivé le goût de l’attente est une chance. Pas facile pourtant : forfaits illimités, e-commerce, accès toujours plus précoce aux nouvelles technologies, tout joue contre les efforts des parents à transmettre la vertu de la patience qui est, pour les philosophes, non pas un but en soi, mais une voie de sagesse, un chemin spirituel.

Les quatre semaines de l’Avent sont une période privilégiée pour expérimenter en famille, sans grand discours, le plaisir d’une attente riche de la promesse qu’elle contient. Bien plus que dans le jour même du 25 décembre, le mystère de la joie de Noël n’est-il pas entièrement contenu dans le temps qui le précède ? Cette fête dont le paroxysme a lieu dans le silence d’une nuit toujours étoilée est avant tout celle de l’espérance, du latin sperare, attendre. Et c’est justement ce qui est le plus excitant : décorer, inviter, cuisiner, trouver, emballer, imaginer la joie de ceux qu’on aime, anticiper le plaisir des retrouvailles. On peut facilement mettre en valeur l’aspect positif du délai, du désir qui monte jusqu’à la nuit merveilleuse, en s’appuyant sur les nombreux rituels qui jalonnent le mois de décembre.

« Noël est une fête puissante pour les enfants, souligne pour sa part Lise Bartoli, psychologue clinicienne, auteur de l’Art d’apaiser son enfant (Payot, 2010). Ils perçoivent chez leurs parents un afflux d’émotion qui les touche beaucoup. Généralement, ce sont des émotions positives, une joie très simple qui se partage à travers les rituels familiaux de préparation. Ces objets qu’on ressort chaque année des cartons, ces odeurs de clémentine et de sapin sont des supports pour magnifier l’attente. Cette fête précède le début d’une nouvelle année et marque une naissance. Elle porte une dimension de “passage”, avec ce que cela constitue de temps fort de la vie. » C’est aussi l’avis de la psychanalyste Catherine Ternynck. « Cette ponctuation des jours par des rituels permet de retrouver une scansion du temps qui est en train de disparaître complètement avec la banalisation commerciale du dimanche. L’Avent est l’un des rares moments de l’année où l’on se prépare à quelque chose qui nous dépasse, nous ouvre à la grâce, à l’émerveillement, à la gratitude. »

Pour les adultes, s’investir dans ce partage du temps familial suppose de ralentir, de se poser pour savourer aussi cette préparation. « Si nos enfants ont un rapport problématique au temps, c’est aussi parce que courir est de rigueur aujourd’hui, rappelle Catherine Ternynck. Nous vivons dans la précipitation. » Du coup, dire à son enfant : « Pas maintenant », « Plus tard » face à une demande de portable, une demande de sortie, ou une barre chocolatée avant le dîner réclame conviction et confiance en soi. « La mission des parents est précisément de résister à la facilité d’aller au plus court. Le désir se nourrit de l’attente, encore faut-il avoir appris à la supporter et mieux encore à la goûter. »...

Chaque soir, une petite activité à réaliser avec ses enfants, et un bon moyen de s'imprégner de l'esprit de Noël.

Source La Vie


Illustration : Darkmello 

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