mardi 16 juillet 2013

Le calme intérieur pour une bonne santé

 De quoi avons-nous besoin pour rester en bonne santé, avec un équilibre mental et physique positif ? Dans « On peut se dire au revoir plusieurs fois », David Servan-Schreiber nous explique que développer le calme intérieur lui aurait probablement évité une rechute de son cancer.

Combien de fois ai-je entendu mes amis me dire : « Fais attention à toi... » Ils savaient que je courais le monde, que j’enchaînais les conférences, les interviews, les projets. Ils pensaient avec inquiétude que je me surmenais. Je les rassurais en disant : « Oui, tu as raison, je vais lever le pied. » Mais je ne le faisais pas.


J’ai souvent déclaré que je pratiquais tout ce que je recommande dans Anticancer. C’est vrai dans l’ensemble, sauf sur un point : en m’imposant un rythme de travail harassant et au total excessif, je n’ai pas assez pris soin de moi, et ce depuis bien des années. Ce surmenage remonte en fait à la publication de mon livre précédent,

J’ai souvent déclaré que je pratiquais tout ce que je recommande dans Anticancer. C’est vrai dans l’ensemble, sauf sur un point : en m’imposant un rythme de travail harassant et au total excessif, je n’ai pas assez pris soin de moi, et ce depuis bien des années. Ce surmenage remonte en fait à la publication de mon livre précédent, Guérir. Les témoignages d’intérêt et de reconnaissance que j’ai reçus m’ont rendu si heureux que je me suis donné à fond à la défense de ces idées. J’ai pris l’habitude de voyager en France, en Europe, mais aussi en Asie, aux Etats-Unis, au Canada. Je me suis infligé d’innombrables décalages horaires, dont on connaît l’effet négatif sur le système immunitaire via la production d’hormones de stress comme le cortisol et le bouleversement des rythmes naturels de base.

Ce grand dérèglement de mes rythmes biologiques a culminé l’année précédant ma rechute. Anticancer avait été très bien reçu aux Etats-Unis et j’étais constamment sollicité par les médias. La défense de ces conceptions me tenait tellement à cœur que j’en ai purement et simplement oublié de me ménager. En 2009-2010, j’ai fait en moyenne un voyage par mois entre les deux rives de l’Atlantique, et un ou deux déplacements par semaine en France ou en Europe. C’était trop. A la fin de l’année, j’étais littéralement épuisé. C’est à la suite de cela que la tumeur a réapparu.

Avec le recul, je pense que j’étais animé par une envie très humaine d’oublier ma condition, de me sentir « normal », de mener ma vie « comme tout le monde ». Je crois surtout que je me suis laissé aller à une sorte de péché d’orgueil, car j’en étais venu à me sentir quasi invulnérable. Or il ne faut jamais perdre son humilité face à la maladie. Personne ne possède d’arme invincible contre elle, les meilleures techniques de la médecine moderne peuvent être mises en déroute. C’est une grave erreur d’oublier à quel point la biologie est déterminante.

Alors qu’il fallait rester humble, j’ai commis l’erreur de croire que j’avais trouvé la martingale gagnante, celle qui me permettait de demeurer en bonne santé tout en me donnant à fond aux projets qui me passionnaient. J’ai eu la faiblesse de croire que j’étais protégé du seul fait que je respectais un certain nombre de précautions : je surveillais ma nourriture, je me déplaçais quotidiennement à vélo, je méditais un peu et faisais un peu de yoga chaque jour. J’ai cru que cela me donnait toute licence pour ignorer des besoins fondamentaux de mon organisme, comme le sommeil, des rythmes réguliers et du repos.

A posteriori, l’erreur me saute aux yeux. Bien que je ne sois pas une « expérience scientifique » à moi seul, je crois qu’on peut tirer légitimement des leçons de ma mésaventure : il ne faut pas s’épuiser, il ne faut pas se surmener. Une des protections les plus importantes contre le cancer consiste à trouver un certain calme intérieur. Je n’ignore pas que pour tous ceux qui font des métiers pénibles, du travail de nuit, les trois-huit, ce conseil n’est pas facilement applicable. Pas plus que pour ceux qui ont des enfants en bas âge, ou des adolescents, ou qui doivent voyager beaucoup.

Pour ma part, je n’ai pas réussi à trouver ce calme, et aujourd’hui je le regrette. Je n’ai pas su rester proche de la nature et des rythmes naturels. Je suis intimement persuadé que la fréquentation d’un bois, d’une montagne, d’un rivage apporte quelque chose de formidablement ressourçant, peut-être parce qu’elle nous permet de nous caler sur le rythme des saisons, ce qui doit contribuer à l’équilibre et à la guérison de l’organisme. Je ne connais pas d’études scientifiques qui étayent cette intuition. Mais l’idée que l’harmonie avec la nature soit un des moyens de nourrir la santé du corps est cohérente avec toute une série de vérités établies.


   
On peut se dire au revoir plusieurs fois, David Servan-Schreiber
Pocket (Juin 2012 ; 125 pages)








Source : www.inrees.com



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