D’après le bouddhisme tibétain, la mort
n’est qu’un passage vers une nouvelle vie : c’est le phénomène de la
réincarnation. Ainsi, la transformation positive de soi permet non
seulement de mieux vivre, mais aussi de mieux mourir et renaître.
Entretien avec Dagpo Rimpotché, extrait du livre « Enquête sur la
réincarnation ».
Pour la plupart des bouddhistes – dont ceux du Tibet –, la première
question que devrait se poser tout humain est : comment s’arracher au
cycle des renaissances automatiques ? A entendre Dagpo Rimpotché, un ami
du Dalaï-Lama qui enseigna longtemps aux Langues orientales de Paris,
la réponse est aussi ardue que simple : il faut commencer par se
respecter soi-même et par respecter les autres ; ensuite, apprendre à se
concentrer ; plus tard, seulement, espérer l’arrivée de la sagesse...
(...)
Pour les bouddhistes, la mort est-elle une fin ou une étape ?
DAGPO RIMPOTCHE : Toutes les grandes religions croient que la vie se poursuit après la mort. Dans le bouddhisme, la mort n’est qu’une étape, puisque les renaissances témoignent de la continuité d’un principe, le continuum mental, qui s’incarne de manière cyclique jusqu’à la réalisation de l’éveil. Ce cycle se nomme le samsara. Tous les êtres sensibles y sont soumis. Tous peuvent donc sortir de ce cycle si les circonstances sont favorables. La renaissance n’est ni une croyance imposée ni un dogme. Pour les bouddhistes, c’est un fait.
Depuis le XIIe siècle, les Tibétains reconnaissent les maîtres réincarnés. L’exemple le plus connu est celui du Dalaï-Lama. Comment cela se passe-t-il ?
Le premier grand maître reconnu comme tulku, au Tibet, a été le premier Karmapa. Ce système s’est ensuite étendu à l’ensemble des écoles tibétaines. Des tests ont été codifiés, certaines visions ont été retenues comme donnât des indices du lieu et de la famille de renaissance. Des règles très strictes ont été établies afin d’éviter tout abus.
Il n’en demeure pas moins vrai qu’au cours des siècles, certains tulkus furent reconnus, à tort comme tels ! Parfois simplement par méconnaissance, ou pour des raisons politiques, comme cela a pu arriver, autrefois, dans certains monastères qui pouvaient ainsi mener la politique interne et régionale qu’ils souhaitaient. Reste que les grands maîtres comme les dalaï-lamas sont soumis à une série d’épreuves, extrêmement précises et rigoureuses, afin d’éviter, justement, ce type de problèmes ! (...)
Je vous ai entendu distinguer « renaissance » de « réincarnation »...
La renaissance est un phénomène quasi obligatoire jusqu’à ce que l’être atteigne l’éveil.
La réincarnation procède d’un choix. Celui de tout faire pour aider les êtres à atteindre, eux aussi, l’éveil. (...)
Est-il possible de se libérer du samsara en une seule incarnation ?
Le bouddhisme dit que c’est possible et donne les moyens de le réaliser ! Reste que peu d’êtres ont suffisamment de force, de détermination, de courage pour y parvenir.
Quelles sont les qualités qui le permettent ?
Tout d’abord l’éthique, qui suppose de se respecter et de respecter les autres. Vient ensuite la concentration, qui permet de développer, petit à petit, la maîtrise de l’Esprit. Enfin, la sagesse libère de l’ignorance fondamentale de la saisie du soi et réalise la vacuité, le non-soi. Les trois sont indispensables et interdépendantes. Le bouddhisme enseigne des méthodes qui permettent de les développer afin de ne plus créer de karma samsarique. Comme tout apprentissage, qu’il s’agisse d’une activité sportive ou d’un travail, il faut du temps, de la patience et beaucoup de pratique. Pas forcément beaucoup de vies.
Quand il y a éveil, il n’y a donc plus saisie de soi, plus de karma samsarique, plus de renaissance...
Tout à fait ! Le karma des bouddhas n’est pas le même que celui des êtres sensibles ordinaires !
Toutes ces pratiques visent notamment à vivre dans les meilleures conditions la fin de la vie. La dernière pensée du mourant est-elle déterminante ?
La dernière pensée d’un mourant symbolise, concrétise, exprime, le parcours de celui qui est à la fin de son existence. Une vie entière sert à préparer ce moment ultime. Les schémas mentaux sont très puissants. Il est difficile de lutter contre eux. C’est comme un enfant qui se fait mal. Il appelle sa mère, spontanément. Au moment de la mort, les habitudes mentales remontent malgré nous. Si les pensées, les émotions négatives qui nous habitent en temps ordinaire sont plus vives que nos sentiments positifs, ce sont elles qui seront présentes et elles induiront une renaissance plus ou moins favorable. C’est pourquoi il est essentiel de se préparer à la mort durant la vie, que l’ont croit ou non à ce phénomène. Devenir meilleur permet de mieux vivre, mais aussi d’avoir moins peur de mourir.
Pour les bouddhistes, la mort est-elle une fin ou une étape ?
DAGPO RIMPOTCHE : Toutes les grandes religions croient que la vie se poursuit après la mort. Dans le bouddhisme, la mort n’est qu’une étape, puisque les renaissances témoignent de la continuité d’un principe, le continuum mental, qui s’incarne de manière cyclique jusqu’à la réalisation de l’éveil. Ce cycle se nomme le samsara. Tous les êtres sensibles y sont soumis. Tous peuvent donc sortir de ce cycle si les circonstances sont favorables. La renaissance n’est ni une croyance imposée ni un dogme. Pour les bouddhistes, c’est un fait.
Depuis le XIIe siècle, les Tibétains reconnaissent les maîtres réincarnés. L’exemple le plus connu est celui du Dalaï-Lama. Comment cela se passe-t-il ?
Le premier grand maître reconnu comme tulku, au Tibet, a été le premier Karmapa. Ce système s’est ensuite étendu à l’ensemble des écoles tibétaines. Des tests ont été codifiés, certaines visions ont été retenues comme donnât des indices du lieu et de la famille de renaissance. Des règles très strictes ont été établies afin d’éviter tout abus.
Il n’en demeure pas moins vrai qu’au cours des siècles, certains tulkus furent reconnus, à tort comme tels ! Parfois simplement par méconnaissance, ou pour des raisons politiques, comme cela a pu arriver, autrefois, dans certains monastères qui pouvaient ainsi mener la politique interne et régionale qu’ils souhaitaient. Reste que les grands maîtres comme les dalaï-lamas sont soumis à une série d’épreuves, extrêmement précises et rigoureuses, afin d’éviter, justement, ce type de problèmes ! (...)
Je vous ai entendu distinguer « renaissance » de « réincarnation »...
La renaissance est un phénomène quasi obligatoire jusqu’à ce que l’être atteigne l’éveil.
La réincarnation procède d’un choix. Celui de tout faire pour aider les êtres à atteindre, eux aussi, l’éveil. (...)
Est-il possible de se libérer du samsara en une seule incarnation ?
Le bouddhisme dit que c’est possible et donne les moyens de le réaliser ! Reste que peu d’êtres ont suffisamment de force, de détermination, de courage pour y parvenir.
Quelles sont les qualités qui le permettent ?
Tout d’abord l’éthique, qui suppose de se respecter et de respecter les autres. Vient ensuite la concentration, qui permet de développer, petit à petit, la maîtrise de l’Esprit. Enfin, la sagesse libère de l’ignorance fondamentale de la saisie du soi et réalise la vacuité, le non-soi. Les trois sont indispensables et interdépendantes. Le bouddhisme enseigne des méthodes qui permettent de les développer afin de ne plus créer de karma samsarique. Comme tout apprentissage, qu’il s’agisse d’une activité sportive ou d’un travail, il faut du temps, de la patience et beaucoup de pratique. Pas forcément beaucoup de vies.
Quand il y a éveil, il n’y a donc plus saisie de soi, plus de karma samsarique, plus de renaissance...
Tout à fait ! Le karma des bouddhas n’est pas le même que celui des êtres sensibles ordinaires !
Toutes ces pratiques visent notamment à vivre dans les meilleures conditions la fin de la vie. La dernière pensée du mourant est-elle déterminante ?
La dernière pensée d’un mourant symbolise, concrétise, exprime, le parcours de celui qui est à la fin de son existence. Une vie entière sert à préparer ce moment ultime. Les schémas mentaux sont très puissants. Il est difficile de lutter contre eux. C’est comme un enfant qui se fait mal. Il appelle sa mère, spontanément. Au moment de la mort, les habitudes mentales remontent malgré nous. Si les pensées, les émotions négatives qui nous habitent en temps ordinaire sont plus vives que nos sentiments positifs, ce sont elles qui seront présentes et elles induiront une renaissance plus ou moins favorable. C’est pourquoi il est essentiel de se préparer à la mort durant la vie, que l’ont croit ou non à ce phénomène. Devenir meilleur permet de mieux vivre, mais aussi d’avoir moins peur de mourir.
Source : www.inrees.com
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